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Le régime militaire d’exception est-il en train de devenir la norme au Mali ? Près de quatre ans après l’arrivée au pouvoir des putschistes, la période dite « de transition » s’est muée en tunnel dont l’issue démocratique ne cesse de s’éloigner. En dépit de sa promesse initiale de passer la main à des civils élus, fin 2022, la junte joue les prolongations, déroulant un plan pensé dès le lendemain de son coup d’Etat de 2020 qui enfonce le pays dans la dictature.
Lundi 13 mai, un nouveau jalon de son maintien au sommet de l’Etat a été planté à l’occasion de la remise au colonel Assimi Goïta, le chef de la junte, des recommandations issues du « dialogue national », une consultation boycottée par l’essentiel des formations politiques maliennes. Parmi les annonces figurent la prolongation « de deux à cinq ans » de la durée de la « transition », la candidature du chef des putschistes à une prochaine élection présidentielle, dont la date n’est pas fixée, et l’élévation au rang de général de ce dernier, ainsi que des quatre autres colonels artisans des coups d’Etat d’août 2020 et de mai 2021.
« Les masques sont tombés. Ils veulent s’éterniser au pouvoir en prenant en otage le Mali et les Maliens », ont dénoncé une vingtaine de partis politiques, dans un communiqué conjoint, publié le 12 mai, qualifiant cette consultation dite « populaire » de « traquenard » et de « mascarade ». Ainsi, ce « dialogue national », dont l’objectif affiché était de trouver les voies pour réconcilier un pays en proie aux conflits depuis plus d’une décennie, fut en réalité « un vernis démocratique posé sur les ambitions politiques des putschistes », analyse Ornella Moderan, chercheuse associée à l’Institut Clingendael, basé à La Haye, aux Pays-Bas.
L’organisation de cette pseudo-consultation est l’une des étapes-clés du processus suivi par la junte en vue de conserver le pouvoir. Début avril, les activités des partis politiques ont été « suspendues ». Auparavant, certaines formations et plusieurs organisations de la société civile contestataires avaient été purement et simplement dissoutes.
Dès le printemps 2021, des procédures judiciaires ont aussi été engagées contre des opposants et des leaders d’opinion jugés gênants. Le décès en détention, en mars 2022, de l’ex-premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, en dépit des demandes d’évacuation sanitaire formulées par sa famille et refusées par les autorités, a rappelé à chacun jusqu’où ces dernières pouvaient aller.
En parallèle, la diffusion de médias tels que Joliba TV News, RFI, France 24 et France 2 a été suspendue. Les reporters internationaux ont été privés d’accréditation, les journalistes locaux menacés, certains contraints de s’exiler, plongeant le pays dans un trou noir de l’information où seule la propagande servie par les putschistes et leurs alliés russes est désormais tolérée.
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